PHAEDO – Ô Temps, Suspends ton Vol
« Nous avons des rêves, nous travaillons ensemble, et nous faisons de l’art ensemble, en quelque sorte. » Il suffit d’écouter Zhuzhu, à l’origine de Phaédo, lorsqu’il raconte et déploie...
« Nous avons des rêves, nous travaillons ensemble, et nous faisons de l’art ensemble, en quelque sorte. » Il suffit d’écouter Zhuzhu, à l’origine de Phaédo, lorsqu’il raconte et déploie...
« Nous avons des rêves, nous travaillons ensemble, et nous faisons de l’art ensemble, en quelque sorte. » Il suffit d’écouter Zhuzhu, à l’origine de Phaédo, lorsqu’il raconte et déploie l’univers de son collectif unique en son genre, pour distinguer entre les lignes de son discours les contours d’une philosophie de vie.
Phaédo est à la fois le fruit d’une approche toute personnelle et d’un élan collectif, à la croisée des chemins entre la mode, l’artisanat et l’art contemporain. Zhuzhu commence son parcours universitaire à l’Institut des Beaux-Arts du Sichuan. Etudiant à la prestigieuse Central Saint Martins de Londres, il devient ensuite le premier Chinois à être accepté à la Royal Academy of Fine Arts d’Anvers. Il fonde le collectif Phaédo en 2014, dans la ville d’Hangzhou en Chine, et présente la première collection du studio à Milan au printemps 2017.
A la fois contemporain et ancien, moderne et vintage, la production toute entière de Phaédo résulte d’un long travail de réflexion et de la mise en place d’une énigme stylistique, conséquence d’un mode de création – littéralement – hors norme. De passage à Paris, Leclaireur a rencontré ceux et celles qui, au sein du collectif, œuvrent à faire de leurs rêves une réalité tangible.
Combien de personnes compte Phaédo ?
Avec le studio, nous avons 23 personnes. Certains sont des artisans, qui utilisent les techniques traditionnelles chinoises, et font tout à la main. L’autre partie du collectif est composée de la jeune génération, plus ouverte et plus créative. Ce sont de jeunes hommes et femmes nés autour de 1985. Nous voulons être un exemple de l’art en Chine, car c’est un pays très intéressant, de plus en plus puissant et créatif. Nous avons toujours eu des talents pour l’artisanat, et nous avons désormais des talents en matière de créativité.
Racontez-nous ce qui a mené à votre première collection…
Nous avons d’abord fait des recherches autour de la marque elle-même, pendant trois ans. Nous voulions vraiment créer, imaginer une nouvelle marque, trouver une nouvelle façon d’être plus créatif, pas seulement le temps d’une collection. En début d’année, courant mars, nous avons créé une collection autour de la longue tradition de la teinture chinoise. Nous avons utilisé la protéine d’un fruit, le kaki, pour teindre le tissu. Ce procédé nous prend deux à trois mois. La couleur change jour après jour, et c’est difficile à contrôler. Nous devons étendre les tissus au soleil pendant ces trois mois, en surveillant le temps avec précision, car il varie souvent.
Donc vous venez tous les jours vérifier les métamorphoses de vos couleurs, comme si vous regardiez vos plantes pousser ?
C’est un peu ça ! Le tissu devient sombre, très sombre. On interrompt le processus une fois que la couleur correspond à nos attentes. Nous avons fait des recherches pour obtenir ce noir si particulier, qui est normalement si difficile à obtenir. Pour moi, le noir est une couleur normale, mais celui-ci ressemble beaucoup plus à un vert très, très profond, très sombre. Et cette couleur raconte beaucoup d’histoires. D’autres matières naturelles sont ajoutées pendant le processus, avant que nous remettions tout dans l’eau pour teindre, à nouveau, le tissu. La couleur change, encore. Chaque pièce est donc unique.
Où commencent et finissent l’art, la mode ? Est-ce un seul et unique processus collectif ?
Oui. Nous ne faisons pas que de la mode, nous donnons à tout notre travail un sens collectif. Nous avons aussi d’autres projets avec d’autres personnes, venues du Japon, de la Belgique. Nous voulons échanger avec d’autres, apprendre de chacun. Avec le Japon, par exemple, nous avons un projet de création de bijoux en argent qui est en cours depuis trois ans. Nous avons aussi un projet de design d’intérieur, très important, inspiré par le wabi (ndlr. Le wabi-sabi désigne un concept esthétique dérivé des principes bouddhistes zen).
Vous avez choisi Phaédo comme nom pour le collectif.
C’est le titre d’un ouvrage de Platon (ndlr. Phédon en français), que j’adore. Nous avons pour chaque projet un « Livre Blanc », qui accueille nos inspirations et tout ce que nous faisons, et qui nous permet de corriger un travail en cours. Nous les constituons ensemble, en gardant à l’esprit notre obligation permanente de respecter la nature et le temps. Dans ces livres que nous fabriquons, on trouve déjà les différentes textures de tissus. Nous collectons beaucoup de formes, d’éléments, l’écorce des arbres par exemple. Parfois, en marchant dans la rue, nous ramassons différents matériaux et objets que nous transformons ensuite. Ce que nous voulons, c’est créer et procurer une nouvelle émotion, à chaque collection.
Quand vous créez vos vêtements, est-ce que vous pensez aux personnes qui vont les porter ?
Je veux partager les collections avec des individus dont les histoires sont intéressantes, qui ont de l’éducation en quelque sorte, et dont les personnalités sont riches et complexes.
Quels sont les créateurs ou artistes, que vous admirez ?
Tant de monde ! J’ai du mal à me rappeler des noms, surtout les noms anglais, donc j’oublie qui est qui. C’est le travail qui m’importe. Mais j’aime Anish Kapoor, Richard Serra, Lucy McRae…
Si vous n’aviez pas choisi la mode, qu’est-ce qui aurait orienté votre vie ?
La cuisine ! J’aime tellement la nourriture, je serais prêt à tout cuisiner.
Comment s’est passée votre rencontre avec Leclaireur ?
(Réponse de l’agent de Phaédo, Maurizio Vela:) J’aime vraiment Zhuzhu, il n’y a pas d’autre artiste comme lui. Quand je sens quelque chose de fort, je l’envoie à quelques très rares clients, triés sur le volet, et Martine Hadida en fait toujours partie. La saison précédente était notre toute première, mais Leclaireur nous connaissait déjà. On est dans le streetwear aujourd’hui, donc c’est une grande joie de recevoir de bonnes réactions de la part de leaders d’opinion qui peuvent reconnaître la construction, les formes, l’utilisation de techniques de couture traditionnelles des artisans chinois… Au début, j’ai pensé que l’orientation si marquée vers l’art contemporain nous ralentirait éventuellement, mais non, c’était juste, c’était parfait.
Découvrez la collection Phaédo chez Leclaireur Sévigné.
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