Maison Margiela, "une esthétique de l’inachevé"

Ecrit par Sheona Issadi

Fondée en 1988 par le créateur belge Martin Margiela, la maison de luxe éponyme a rapidement gagné en reconnaissance sur la scène internationale pour son style avant-gardiste et sa vision éclectique de la mode. Après des études de haute couture passées au sein de l’Académie Royale d’Anvers, il perfectionne sa formation auprès de Jean-Paul Gaultier, de qui il est resté l’assistant pendant plusieurs années. Martin Margiela, « l’ovni avec une vision sans compromis », développe ensuite sa propre marque à laquelle il insuffle sa vision subversive, conceptuelle et non-conventionnelle de la mode.

Les collections de la Maison Margiela tirent leur singularité dans l'utilisation de matériaux innovants et sont souvent caractérisées par des silhouettes épurées et minimalistes aux lignes déconstructivistes que Linda Loppa – ancienne directrice de l’Académie Royale d’Anvers – décrivait comme « une esthétique de l’inachevé ». Une singularité que l’on retrouve notamment dans l’utilisation de la couture inversée, où coutures et étiquettes sont exposées à l'extérieur des vêtements, créant un effet délibérément déconstruit, mais aussi dans le layering et la superposition de matières ou les coupes surtaillées emblématiques de la maison.

Précurseur de l’upcycling, la marque est également connue pour ses pièces de récupération, souvent réinventées pour créer de nouveaux designs uniques.

La Maison Margiela se distingue également dans l’élaboration de ses défilés que Le New York Times dépeint comme « alternativement électrisantes ou drôles ou sexy, sinon tout bonnement bizarres ». Dévoilées de manière atypique comme des performances artistiques, les lieux de ces présentations sont toujours inhabituels et les designs percutants mettent l’accent sur des créations vestimentaires aux lignes informelles qui dirigent le regard davantage sur le design que sur le mannequin.

En plus de ses collections de prêt-à-porter, la Maison Margiela propose également une ligne de chaussures, d’accessoires et de maroquinerie, ainsi qu'une ligne de parfums et de cosmétiques avec la volonté commune de créer des basiques conceptuels incarnant un mode de vie singulier tourné vers la modernité.

Parmi les incontournables de la marque, l’emblématique botte Tabi, lancée en 1992, évoquant une réinterprétation de la chaussette traditionnelle japonaise qui ne cesse de séduire les passionnés.

En 2009, Martin Margiela quitte la direction artistique de la maison, qui reste sous les rennes de l’équipe de styliste qui continue de travailler collectivement jusqu’à la nomination de John Galliano qui reprend la direction artistique de la maison en 2009. Avec Galliano, la marque connaît une évolution en se focalisant d’autant plus sur la haute couture, tout en maintenant l’ADN fondamentale de la maison incarnée par son esthétique non-conformiste.

Finalement, la Maison Margiela est une « entité singulière et autonome dans le domaine du luxe », reconnue pour son style avant-gardiste et innovant, qui utilise des matières et des techniques uniques pour créer des pièces d’exception, tout aussi élégantes que modernes.