TOOGOOD – De Mieux en Mieux
Deux soeurs, deux esprits brillants, unies par un même nom : Toogood. Puissant patronyme s’il en est, Toogood est une marque unisexe, sculpturale et innovante.
Deux soeurs, deux esprits brillants, unies par un même nom : Toogood. Puissant patronyme s’il en est, Toogood est une marque unisexe, sculpturale et innovante.
Deux soeurs, deux esprits brillants, unies par un même nom : Toogood. Puissant patronyme s’il en est, Toogood est une marque unisexe, sculpturale et innovante.
Depuis Londres, et depuis toujours, Faye and Erica Toogood ont fait du manteau la pièce centrale de leur travail, en s’affranchissant des frontières habituelles de la mode. Leurs vêtements, aussi révolutionnaires qu’intemporels, refusent les clivages du genre, du style ou de l’âge et parviennent à conserver, comme ces soeurs créatrices, leur identité propre. Photo de famille.
L : Toogood étant votre vrai nom, votre enfance a dû être intéressante…
Toogood : Tout à fait. Notre nom de famille est Toogood. C’est le nom de notre père, de notre grand-père, un très vieux nom anglais. Aujourd’hui, nous le trouvons assez utile, puisque les gens s’en souviennent – même si certains pensent peut-être que nous nous prenons très aux sérieux ! Enfants, ça a été un nom très compliqué à porter. Les professeurs et les élèves nous affublaient de surnoms : « Too Bad » (Dommage), « Too Good To Be True » (Trop beau pour être vrai), ce genre… On a eu droit à beaucoup de moqueries et de plaisanteries. Il fallait absolument transformer tout ça en quelque chose de positif.
L : Vous avez toujours collaboré l’une avec l’autre ?
Faye : Nous avons démarré le projet Toogood initial il y a trois ans. Nous sommes soeurs et nous avions très envie de travailler ensemble. Erica était modéliste. Elle travaillait pour la haute couture et le théâtre. J’étais dans le mobilier, les objets, la décoration d’intérieur. Nous voulions absolument collaborer sur un projet commun, en associant nos deux savoir-faire. Nous avons creusé la question, l’importance du manteau. Les manteaux se transmettent de générations en générations. Ils racontent quelque chose, ce sont les pièces inamovibles d’une garde-robe. Par exemple, nous avons encore les manteaux de nos grands-parents. Nous avons donc jeté notre dévolu sur le manteau. Nous en avons créé huit pour notre première collection, un peu comme une série d’uniformes. On a fait un manteau de photographe, un manteau d’explorateur, de portier. En prenant soin que chaque métier soit identifiable à travers la pièce.
Erica : La notion de fabrication elle-même nous tient particulièrement à coeur. Notre point de départ, c’était le vêtement de travail. Faire des vêtements de travail qui ne soient pas caricaturaux. Quelque chose de beau et d’excitant. C’était ça le plus important. Notre bibliothèque de modèles a commencé avec des manteaux.
L : Comment est née votre relation avec Leclaireur ?
TG : Ils ont été parmi les tout premiers à venir nous voir, dès la première saison, et ont toujours suivi notre travail. Chaque fois qu’ils venaient nous voir à la galerie, quelque chose se produisait. J’ai renversé du café, donné un vêtement à essayer dans la mauvaise taille… C’est presque devenu une blague entre nous. Nous voulions tellement travailler avec eux que systématiquement une catastrophe arrivait. La saison dernière, quand tout s’est déroulé sans un seul incident, nous étions ravies.
L : Comment s’organise votre travail en tant que sœurs et collaboratrices ? Expliquez-nous la dynamique…
TG : Notre collaboration est en fait assez silencieuse. Nous sommes sœurs, chacune sait exactement ce que l’autre ressent. Chacune respecte aussi scrupuleusement l’espace de l’autre. Faye s’occupe des concepts et du design, moi de tout ce qui est technique et pratique, ce qui peut mener à quelques frictions, sur certains sujets. Mais il nous suffit toujours de quelques minutes pour trouver la meilleure solution. La loyauté et la confiance font que nous arrivons très vite à un terrain d’entente.
L : Cette dernière année, quelle étape importante avez-vous le sentiment d’avoir franchie ?
TG : Nous savions qu’il n’y avait qu’une seule façon pour nous d’approcher ce business. Nous fabriquons des objets, des vêtements, et nous les vendons sur un marché, exactement comme des fermiers. C’est un processus très simple. Certaines de nos pièces traversent les saisons, la notion de continuité est primordiale pour nous. Nous pensons que pour survivre aujourd’hui dans la mode, il faut proposer quelque chose d’intemporel, de durable. C’est que nous faisons, tout en veillant à préserver notre identité. Quoi que nous fassions, nous essayons de le faire à notre manière et avec nos convictions.
L : Les vêtements Toogood ressemble à de douces sculptures. Ça vient des tissus, de la fabrication ?
Les matériaux sont indissociables des modèles, ils sont aussi importants les uns que les autres, et c’est le cœur de notre travail. Nous aimons dénicher des matériaux qui ne sont pas habituellement destinés à faire des vêtements, pour ensuite nous les approprier. Notre première saison était entièrement inspirée par la toile, la toile de coton. On a aussi utilisé du caoutchouc industriel, on a peint les manteaux… Il s’agit de trouver une nouvelle façon d’envisager le matériau. Précieux, industriel, brut, tous les aspects nous intéressent. Nous cherchons à trouver la beauté dans le fer blanc et le calicot, pas seulement dans l’or et la soie. Nous avons déjà utilisé du film alimentaire, du gaffeur. En ce moment nous travaillons aussi bien avec un acier inoxydable utilisé pour faire des filtres industriels qu’avec un Cashmere anglais qui vient des deux derniers ateliers de tissage du pays. C’est essentiel pour nous. Quelquefois, la matérialisation va très vite, d’autre fois, c’est beaucoup plus laborieux. En ce moment nous sommes sur un manteau en corde. Il faut une semaine et demie pour coudre tous les morceaux de corde. Le temps et la précision nécessaires sont proches des procédés de la haute couture, bien qu’il s’agisse de simple corde en coton, pour en souligner le côté brut et primaire. Jusqu’où peut-on aller avec un rouleau de corde ? Un jeune créateur a rarement accès à des centaines de mètres de cristal… Nous sommes allées très loin pour répondre à cette problématique. Aujourd’hui, nous avons l’opportunité d’aller encore plus loin.
L : Quand est-il de la couleur ? Ou plutôt de l’absence de couleur ?
Faye : C’est un gros débat. Je suis madame Blanc, elle est madame Noir. Erica est la sorcière noire et je suis la sorcière blanche. Nous savons que la couleur est importante. Elle sera très présente la saison prochaine. Jusqu’ici, nous étions focalisées sur la forme et la sculpture. La silhouette est très prononcée, elle repousse bon nombre de limites : la largeur des pantalons, la taille des poches. Nous avons toujours pris des risques.
L : Le concept unisexe est l’une des grandes caractéristiques de votre travail.
L’unisexe est effectivement un élément majeur de Toogood. Nous travaillons sur le concept depuis deux ans et demi. C’est intéressant de constater que c’est devenu, aujourd’hui, un sujet majeur. Nous avons monté un gros projet pour Selfridges à Londres autour de l’unisexe. Comment les boutiques vont-elles combiner les vêtements féminins et les vêtements masculins, et peuvent-ils être combinés ? Est-ce que les hommes porteront des vêtements de femmes ? Les femmes porteront-elles des vêtements d’hommes ? Le public est prêt. Est-ce que c’est une coupe masculine ? Une coupe féminine ? Ça n’a pas vraiment d’importance. Est-ce une taille Homme ? Une taille Femme ? Ces questions ne sont plus d’actualité. Le genre d’un vêtement ne veut plus rien dire pour notre génération. Nous avons la conviction que ça n’a plus rien à voir avec l’androgynie. Il ne s’agit pas pour une femme de s’habiller comme un homme, de se couper les cheveux, de ressembler à un garçon. Les femmes peuvent être incroyablement féminines et les hommes incroyablement masculins. Nous explorons aussi la transversalité des générations. Une femme de 70 ans peut avoir une allure folle dans un manteau d’habitude porté par un jeune homme d’une vingtaine d’années en survêtement Nike… La neutralité concerne le genre et l’âge, elle touche aussi le fait de savoir si on veut porter un vêtement large ou serré. Il s’agit principalement d’avoir le choix.
Nous faisons des vêtements sans spécifier comment ils doivent être portés, ni quelle attitude leur donner. Ce sont des vêtements. Leur donner du style relève du choix personnel.
C’est ça le plus important.
Direction Créative : La Frenchy (Mary-Noelle Dana & Michael Hadida) pour Leclaireur
Images : George Dragan
Montage : Aurélie Cauchy
Musique : For All Intents and Purposes by Falling For Frankie (SuperPitch)
Archives personnelles : Toogood
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